Les papes médiévaux qui privilégièrent Avignon au détriment de Rome donnèrent au vin son nom, alors qu'eux-mêmes buvaient essentiellement des vins de Bourgogne ! D'ailleurs, la Bourgogne a toujours servi de fil rouge dans l'histoire de Châteauneuf-du-Pape. Et, en fin de compte, le vignoble bourguignon est même indirectement responsable de la qualité supérieure de ce célèbre vin du Rhône. Envie d'en savoir plus ? Lisez la suite !
Le nouveau château du pape
Au début du 14e siècle, un pape décida qu'il préférait s'établir à Avignon plutôt qu'à Rome. Peu de temps après, un nouveau palais fut construit pour les successeurs de Saint Pierre le long du Rhône, à l'endroit qui serait ensuite appelé Châteauneuf-du-Pape : le nouveau château du pape. Si l'on produisait certainement déjà du vin dans les environs, celui-ci n'était pas encore très connu. De plus, bien que les papes aient contribué à l'essor de la viticulture locale, ce vin n'acquit sa réputation qu'au 18e siècle. En 1700, le vignoble entourant le village de Châteauneuf-du-Pape était constitué de multiples parcelles qui étaient cultivées par des métayers et de petits fermiers.
Durant le siècle qui suivit, apparurent plusieurs grands domaines, à l'instar du Château La Nerthe, qui est encore bien connu aujourd'hui. Ce sont surtout les grands propriétaires terriens, appartenant souvent à la noblesse, qui parvinrent à se faire véritablement un nom grâce à leur produit. Les vins étaient exportés vers de très nombreux pays, mais aussi malheureusement parfois utilisés pour redonner force et couleur au Bourgogne rouge. Cette pratique était bien entendu particulièrement offensante et n'a pas contribué à la réputation des vins de Châteauneuf-du-Pape.
Combat pour la qualité
La région se rendit finalement compte que seule une meilleure qualité pourrait permettre au vin d'être apprécié comme un produit autonome. Cette prise de conscience aboutit, à la fin du 19e siècle, à la création du premier syndicat viticole qui, pour diverses raisons, ne dura pas longtemps. Plusieurs viticulteurs, de différentes tailles, continuèrent néanmoins à lutter contre l'immense fraude au vin qui existait alors. C'était l'époque de la crise du phylloxéra et le bon vin risquait de devenir un bien rare.
Finalement, l'un des grands propriétaires terriens, le Baron Le Roy du Château Fortia, parvint à définir un certain nombre de règles qui devaient garantir l'intégrité des vins de Châteauneuf-du-Pape. Ces règles servirent ensuite comme point de départ à la création de la première appellation d'origine contrôlée (AOC) de France et furent inscrites dans une loi en 1933. À partir de ce moment, il fut, entre autres, établi que, pour fabriquer un Châteauneuf-du-Pape, treize cépages étaient autorisés, que les raisins devaient être vendangés à la main et qu'aucun sucre ne pouvait être ajouté lors de la fermentation en vue d'augmenter le taux d'alcool (chaptalisation). Le vin de Châteauneuf-du-Pape devint alors réellement un nom, tant au sens figuré qu'au sens propre.
